[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] David Bernard, auteur de «18 façons de décrocher ce job, sans payer, coucher ni tuer» 20 Minutes
VOS QUESTIONS - David Bernard, psychologue du travail, répond à vos questions...
Je me présente Maxime, ingénieur commercial dans les TELECOM. Dès que j'envoie mon CV et que je l'ai mis en ligne sur les sites spécialisés, je décroche des entretiens et à chaque fois cela finit toujours pareil : en short-list finale, je ne suis pas retenu. Est ce à cause du marché et du nombre de chômeurs que les entreprises ont le choix et préfèrent embaucher des BAC 5 de grandes écoles? De mon âge 35 ans? De mes prétentions salariales (32 KE)? Tout d’abord, félicitations !
Si vous passez la première étape (celle du tri de CV) et que vous parvenez à rentrer dans le bureau du recruteur, c’est que votre profil est plutôt en ligne avec les attentes des recruteurs. Après (comme vous le notez) le recrutement est une compétition... Cela veut dire que vous êtes toujours plusieurs sur la ligne de départ ! Ce qui est important à ce moment là, c’est de parvenir à créer “une vraie différence”... Et à ce moment là, c’est davantage sur des critères comportementaux que cela se joue (personnalité, motivations, valeurs...) et que vous êtes évalué. Pour marquer des points, je vous conseillerai de “débriefer” avec le recruteur chaque entretien qui n’aboutit pas. Posez-lui des questions pour savoir ce qui n’a pas fonctionné. Demandez-leur les points sur lesquels vous gagneriez à bosser pour progresser en entretien. Rappelez-vous toujours : Vous êtes face à une personne qui voit en moyenne sept candidats par jour en entretien... Cela leur confère un certain recul. Profitez de cette opportunité !
Je possède déjà un travail. J’ai postulé dans une autre entreprise mais ne serait prêt à partir qu’en cas de salaire supérieur. Est-ce vraiment convenu, pour ne pas perdre de temps, d’annoncer mes prétentions dans ma lettre de motivation? Si oui comment? Vous pouvez essayer... Mais à moins que votre profil soit vraiment hors du commun je ne vous le conseille pas vraiment. Il faut savoir que lorsqu’un recruteur fait un premier tri sur CV, quatre candidats reçus sur cinq ne sont pas “dans la plaque”.
Va t’il prendre le temps de rencontrer un “mercenaire” ? Quelqu’un qui annonce la couleur dès le départ : “Si je viens pour vous, c’est pour le fric!” (sous entendu : si dans 6 mois on me propose mieux je n’hésiterai pas une seconde à claquer la porte...).
Aujourd’hui, les entreprises cherchent avant tout à recruter des collaborateurs qui seront capables de participer à la bonne marche de l’entreprise sur le long terme... pas des mecs et des nanas (uniquement) appâtés par le gain.
Ne trouvez-vous pas farfelu, l'idée de faire un C.V "normé"? Parce que bon aujourd'hui, nous, chercheurs d'emplois, ne savons pas si nous devons mettre une photo sur notre C.V, rester sur un modèle plus ancien ou créer un C.V plus dans l'air du temps. Marre de devoir se prendre la tête pour des recruteurs qui ne vont même pas prendre la peine de lire votre CV sous prétexte qu'il n'y a pas de photo ou parce qu'il est trop ci ou pas assez ça...Je me demande si ces mêmes recruteurs ont connu le chômage un jour tellement ils ne se mettent à la place de ceux qui recherchent... Dites-vous bien que la plupart des recruteurs utilisent des logiciels de gestion de CV qui leur permettent de trier de façon automatique des centaines voire des milliers de CV en même temps. Ces outils leur permettent de gagner un temps fou ! Alors, certes faire un clip de 2:30 pour se présenter peut paraître tentant... mais gardez à l’esprit que ce type de support ne vous permettra pas d’intégrer les “bases de données” des recruteurs. Et puis c’était un truc qui marchait bien lorsque personne ne le faisait encore... Aujourd’hui, les recruteurs ont tout vu passer. Faire un CV vidéo de façon efficace pour vous cela va représenter une semaine de boulot (pas question de le faire comme un amateur)... pour le recruteur, cela risque de n’être même pas impactant (il en a vu tellement passer déjà...). Après libre à vous de faire de la surenchère et de vous trimballer à poil au milieu de la Défense pour attirer l’attention... Mais bon ^^ pour être sûr d’arriver en haut de pile, travaillez plutôt les mots clés présents dans votre CV. Essayez d’imaginer ceux que les recruteurs taperont lorsqu’ils s’intéresseront à des profils tels que le vôtre.
Je porte une petite barbe de 3 jours. Cela me fait un bon style, j’aime bien. Certains me disent que pour les entretiens c’est bien, d’autres me disent que non. Qu’en pensez-vous? La barbe de 3 jours, c’est bien effet. Moi aussi j’aime bien ^^. Est-ce un atout ? Est-ce un inconvénient ? A vrai dire je pense que cela n’a que peu d’importance... Tout dépend de la façon dont vous l’assumez et de votre dégaine générale. Si vous avez les ongles sales et les cheveux gras alors oui : OUBLIEZ et filez vous refaire une beauté. Mais sinon... pourquoi pas !
Le look idéal pour une fille à un entretien, c’est quoi? Se sentir à l’aise ok, mais talons ou ballerines? Faut-il vraiment enlever les bijoux trop voyants? Se sentir à l’aise dans ses fringues c’est en effet très important... d’autant plus pour un entretien d’embauche. Si vous avez l’air déguisé, vous serez gênée et le malaise sera perceptible au recruteur. Ce qui compte également, c’est de ne pas chercher à en faire de trop. Aucun recruteur n’a envie de recruter un sapin de Noël !
Votre livre propose de trouver un job sans coucher (entre autres). Mais coucher pour obtenir le poste de ses rêves, ça marche réellement? Ou l’employeur rit au nez des prétendant(e)s? Personnellement je n’ai jamais essayé... ^^ Tentez le coup et dites-nous ! Plus sérieusement, je ne pense pas que cela soit une stratégie réellement payante (en tout cas au long cours).
Je ne me sens actuellement pas très bien dans mon job. Comment savoir s’il est temps de me réorienter? Vous devez faire la différence entre les facteurs “contextuels” et les facteurs plus “profonds”. En avez-vous marre parce que vous enchaînez les projets inintéressants? Parce que vous avez des relations de mauvaise qualité avec votre supérieur ? Vos collègues ? Avez-vous l’impression d’avoir fait le tour de votre job ? Avez-vous l’impression de cesser d’apprendre ? Faites la différence entre ce que vous pouvez changer (vous ou une bonne discussion avec votre boss) et les facteurs qui sont moins facilement contrôlables (comme par exemple un trop gros décalage entre vos valeurs personnelles et celles de la boite dans laquelle vous évoluez). Si le gap est trop gros et que vous avez fait ce qu’il fallait pour faire bouger la situation (sans succès), alors collez votre CV sur les sites emploi et prenez le large ! En revanche, ne posez pas votre démission au premier “coup de mou”... Les épreuves c’est également ce qui nous rend plus fort ! Se débiner à chaque fois qu’une difficulté survient, c’est (aussi) la meilleure façon de ne jamais progresser...
Avez-vous l’impression de donner des solutions vraiment nouvelles dans votre livre? Un exemple? Je pense que ce sont avant tout des conseils de bon sens... délivrés sur un ton dynamisant et qui aide à passer à l’action. Vous savez, il n’y a pas de recette “magique” pour décrocher le job de ses rêves ! De truc complètement incroyable connu de 2 ou 3 personnes seulement... La réussite en contexte professionnel (que ce soit pour chopper un job ou pour progresser à l’intérieur de l’entreprise), c’est avant tout une question de stratégies appliquées avec rigueur et détermination. Le plus dur, ce n’est pas de savoir “ce qu’il faut faire”, c’est souvent de “passer à l’action”, de “faire le premier pas”... et de persévérer en dépit des difficultés, des refus, des non réponses également parfois.
Vous expliquez que les valeurs de l’entreprise doivent correspondre aux nôtres. Mais avant de bosser dans une boîte, comment connaître ses valeurs? Ne risque-t-on pas d’être sacrément déçu si on se base sur ça pour faire son choix? Posez-vous simplement la question suivante : Qu’est ce qui compte réellement pour moi? Sur quoi est-ce que je me base à chaque fois que je dois faire des choix, prendre des décisions importantes? (prise de risques? recherche de sécurité?) Quel est le type de relations que j’ai envie d’avoir avec les autres chaque jour (coopération? me mesurer aux autres?)... La première chose à faire, avant même d’essayer de trouver des entreprises dont les valeurs sont cohérentes avec les vôtres, c’est de voir si certaines de valeurs qui vous animent ne sont pas “incompatibles”... Certaines personnes recherchent par exemple la réussite maximale tout en nourrissant un besoin fort de stabilité et de sécurité. On peut se dire que “oui, c’est comme ça, ça arrive....” mais dès que l’on s’interroge 2 min, un se rend bien compte que ces 2 positions sont difficilement compatibles l’une avec l’autre. Un conseil donc : commencez par faire le clair sur ce qui vous anime et... faites le ménage dans vos valeurs! Veillez à ne conserver que des valeurs compatibles les unes avec les autres.
J’ai fait une licence pro commerce en IUT. Je suis actuellement commerciale, mais ce travail ne m’amuse pas vraiment. Problème, je ne sais absolument pas ce que je voudrais faire d’autre. Comment le savoir? Comment ne pas me tromper? (J’ai 26 ans) Là encore, le questionnement doit se faire dans le bon sens. Ne commencez surtout pas à vous interroger sur vos pistes de réorientation avant d’avoir fait un point approfondi sur vous, vos aptitudes, vos talents, vos moteurs...
Il y a 3 points que vous devez éclaircir :
- Qu’est ce que je PEUX faire ? Quelles sont mes aptitudes ? il peut s’agir d’un attrait pour les chiffres, pour la manipulation du langage... Il peut s’agir également de vos aptitudes techniques.
- Qu’est ce que je VEUX faire ? Quels sont les besoins que j’ai besoin de satisfaire au quotidien ? Est ce que j’ai envie d’être en sécurité ? D’être souvent occupé ? De me dépasser ? D’avoir de l’impact sur les autres ? De travailler dans un environnement très structuré (ou pas)? Quelle place occupe la rémunération dans mes besoins ?
- Qu’est ce que je FAIS ? Quels sont les comportements que j’ai naturellement tendance à présenter... comme ça, sans me forcer. Est-ce que je vais facilement vers les autres? Est-ce que je suis créatif? Persévérant? Stable d’un point de vue émotionnel?
Quel est le plus gros faux cliché qui court à propos de l’entretien d’embauche? Waww : BELLE QUESTION!
Je dirai que c’est celui qui voudrait nous laisser croire que seul(e)s celles et ceux qui ont les dents qui rayent le parquet et qui sont prêts à marcher sur la tête des autres pour réussir ont des chances de s’en sortir....
CECI EST FAUX!!
Et le problème, c’est que du coup, beaucoup de candidats se mettent à “surjouer” en entretien... Ils essaient de rentrer dans la peau du “candidat idéal”... en tout cas dans ce qu’ils imaginent être le candidat idéal. Et du coup, ils ne sont plus eux-mêmes. ils ne sont plus authentiques... et le manque d’authenticité dans une relation, il n’y a rien de pire. Si le “costume” dans lequel vous tentez de rentrer est trop éloigné de “qui vous êtes” en réalité, vous renverrez l’image de quelqu’un de faux. Personne n’a envie de bosser avec ce genre de personnes... Si vous savez qu’il vous manque vraiment telle ou telle qualité, ne cherchez pas à la “jouer” en entretien. Faites plutôt en sorte de la bosser afin de la développer véritablement. Et en attendant, informez le recruteur sur le fait que vous avez conscience de vos axes de développement... et bossez-les vraiment!
Depuis le lancement du statut d’auto-entrepreneur, je vois beaucoup de gens autour de moi qui montent leur entreprise. Est-ce vraiment fait pour tout le monde? NON, clairement. L’entrepreneuriat nécessite des qualités dont tous les individus ne sont pas dotés. Outre la capacité à se mettre en danger, il faut une énorme puissance de travail, la capacité à encaisser les coups (votre boss ne sera plus là pour faire le bouclier humain...) et aussi une formidable aptitude à rebondir face aux déconvenues qui ne manqueront pas d’arriver. J’ai vu des dizaines de personnes qui, lorsqu’elles se sont rendu compte du taux auquel leur auquel leur travail était refacturé par leur boss, se sont dit : “si je VAUX ça, autant que je me mette à mon compte !”. Simplement, “accomplir certaines tâches” et “aller vendre le fruit de ces tâches à un client” sont deux choses radicalement différentes...
Réussir sans piston, oui, c’est possible, mais moi qui n’en ai jamais bénéficié, je me dis que ce doit tout de même être plus facile avec. Alors comment faire? Le piston, cela ouvre les portes, mais cela ne permet pas de “décrocher un job”. Personne (ou pas grand monde) n’a les moyens d’embaucher un guignol juste pour faire plaisir à une relation personnelle...Si vous avez la chance de bénéficier de connexion, dites-vous bien que cela vous permettra peut-être d’arriver un peu plus vite dans le bureau du recruteur... Mais cela ne vous garantira en rien le fait de décrocher un job! Si vous ne bénéficier d’aucune connexion... dites-vous que vous vous plantez! TOUT LE MONDE a des connexions : il peut s’agir d’amis, de la famille, d’anciens collègues... N’hésitez pas à la solliciter lorsque vous cherchez un (nouveau) job. La majorité des jobs sont pourvus par le biais de la cooptation...
Si vous deviez citer LE secteur porteur du moment, LE métier en vogue, lequel citeriez-vous? Il y a des métiers qui semblent en effet ne jamais connaître la crise : Les commerciaux par exemple! Normal en fait... Un commercial, c’est quelqu’un qui va faire rentrer du cash dans l’entreprise. Il coûte certes... mais on voit également tout de suite ce qu’il rapporte. C’est sûr que pour les personnes qui ont des jobs dont le résultat est moins facilement quantifiable à court terme (à la communication, dans les services de recherche et d’innovation par exemple...), cela peut être plus compliqué... notamment dans les périodes de crise où l’entreprise a davantage le nez sur les indicateurs de rentabilité à court terme (pour éviter de sombrer).
Vous avez volontairement (je crois), donner une image fun, jeune et branché à votre livre, était-ce juste pour vous démarquer des autres ouvrages sur la question? Ou pensez-vous que donner cette image dynamique contribue à se faire recruter? Comme nous l’avons vu plus haut, je pense que ce qui est important, c’est avant tout d’être “authentique”, de faire avec qui l’on est, ce que l’on aime... Du coup, j’ai simplement essayé de faire un bouquin qui me corresponde, c’est tout! Il y a tellement de livre ennuyeux sur comment rédiger un CV, comment écrire une lettre de motivation (alors que plus personne ne prend le temps de les lire...^^). Je ne me voyais pas écrire le millième bouquin chiant sur ce sujet qui n’excite plus personne... Pour répondre à votre question : Oui, être soi-même, ça permet de se faire recruter plus facilement! Le tout, c’est simplement de viser des entreprises qui ont besoin de gens “comme vous”!
Une autre question concernant la demande d'une "expérience professionnelle": comment peut-on postuler à un poste qui correspond à une formation que nous, jeunes diplômés, avions suivi si les recruteurs demandent sans cesse une certaine durée d'expérience alors que justement, nous recherchons un premier travail pour en acquérir? Ne peuvent-ils pas nous former à ce poste s'ils veulent des travailleurs fiables? Car c'est un cercle vicieux: pas d'expérience, pas de travail et pas de travail, pas d'expérience... C’est un vrai problème en effet... Cependant les choses changent! Doucement, mais elles changent. Aujourd’hui de plus en plus d’entreprises se rendent compte que recruter une personne uniquement sur son CV (formation + expérience), cela n’est pas la bonne solution. Notamment dans un contexte de pénurie des talents. Les candidats au profil classique (bonne formation + bonne expérience) deviennent de plus en plus rares. Du coup, les recruteurs sont amenés à s’intéresser (encore plus) à QUI SONT les candidats (leurs moteurs, leurs personnalité, leurs aptitudes) et plus seulement à CE QU’ILS ONT FAIT. D’ailleurs nombre d’entreprises ont déjà intégré des solutions fiables qui leur permettent d’évaluer précisément le mode de fonctionnement naturel et la personnalité de leurs candidats...
Que faire pour convaincre les employeurs que l’on est plus que nos origines? En leur montrant la façon dont on a su les dépasser par exemple! Attachez-vous à leur donner des exemples de situations et de problèmes que vous avez rencontrés et dans lesquels vous avez su vous adapter. Expliquez-leur la façon dont vous avez tiré parti de ces opportunités pour grandir, pour évoluer à titre personnel. Ce qui compte plus que l’origine ou l’expérience, c’est avant tout la capacité qu’a un candidat à “tirer parti de ses expériences”. Nous connaissons tous des personnes qui ont 10 ans d’ancienneté dans leur job et qui semblent ne rien avoir appris si ce n’est la manipulation de la machine à café.... On dit souvent que la qualité n’attend pas le nombre des années... Et bien pour les candidats c’est pareil. A vous de leur “prouver” au travers d’exemples CONCRETS que vous faites parti de cette famille de candidats!
ESPACE LIBRE: Un dernier conseil pour la route :
N’oubliez jamais que TOUT LE MONDE est capable (potentiellement) de décrocher le job de ses rêves... simplement cette quête a un prix. Sur la route, il vous faudra faire un point approfondi sur vous-même, vous remettre en question parfois, vous confronter à des situations parfois pas très agréables.
La réussite a un coût... Si ce coût est à la portée de beaucoup, tout le monde n’est cependant pas prêt à le payer. La question ultime à vous poser est donc bien celle-ci : que suis-je prêt à consentir pour décrocher le job de mes rêves? Quels efforts supplémentaires suis-je en mesure de délivrer? A quoi suis-je capable de renoncer (situation de confort par exemple...). A partir du moment où vous avez répondu à cette question... croyez-moi : vous avez déjà fait au moins 50% du chemin! MERCI à tous pour votre participation
Bon courage à chacun d’entre vous...
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